Passage
Franchir le majestueux portail de la Casa de Dom Inacio, c’est passer un seuil. Nous pénétrons dans un autre niveau vibratoire.
Dans ce quatrième tableau, j’ai dessiné et peint plusieurs éléments évocateurs de ce lieu: au centre, l’avocatier qui se trouve à l’entrée du belvédère, le banc en bois avec l’inscription « Paz », le buste en bronze de San Inacio, et, sur la gauche, encore le visage de ce Saint qui est très souvent représenté avec des larmes . Des larmes de compassion.
En haut, toujours à gauche, un ciel bien sombre et une femme en bicyclette qui se protège de l’orage avec un parapluie arc-en-ciel. Nous pouvons aussi voir dans les nuages le visage menaçant de celle que Mozart a appelée « la Reine de la Nuit ». Je la connais! Elle est là dans ma vie quand tout devient très difficile.
En bas à droite, à l’extrémité de cette diagonale qui n’a rien à voir avec La Casa car elle me concerne personnellement, il y a cette femme, assise dans un fauteuil. Elle anticipe une expérience que j’ai faite quelques mois plus tard.
Aujourd’hui, en regardant cette peinture, je me dis que je ne me sentais pas bien.
L’angoisse est une douleur. Toutefois, si nous acceptons de la supporter, elle devient une alliée car son rôle est d’élargir notre conscience et de nous transformer.
Qu’il s’agisse d’une angoisse de perte, de manque, de séparation ou de mort, cette angoisse existentielle est bénéfique car elle vient nous réveiller.
Elle est liée à notre condition d’êtres humains. Elle nous invite à mettre de l’ordre en nous-mêmes et dans notre vie.
Elle nous aiguillonne pour que nous nous mettions à l’écoute de notre intériorité car nous ne pouvons pas nous construire sur une absence à nous-mêmes. Elle nous pousse à prendre conscience et à accepter les changements qui s’imposent, sinon notre âme, qui est notre partie divine, se dessèche et se dévitalise.
Cette angoisse nous morcèle, elle nous engloutit, elle nous digère.
Plusieurs mythes illustrent cet engloutissement: celui du serpent Quetzalcoatl, celui de Jonas et la baleine (dont s’inspire le conte de Pinocchio), ainsi que les histoires de loup… Ceux sont des animaux initiatiques qui surgissent dans nos rêves chaque fois qu’il nous est demandé d’évoluer car la mort et la renaissance vont ensemble.
L’angoisse est un paquet dont nous ignorons le contenu tant que nous ne l’avons pas ouvert. Si nous parvenons à avoir la force et le courage d’accueillir cette angoisse, nous bénéficierons de son immense pouvoir de transformation et de créativité.